L'ASSOCIATION DES AMIS DE L'ORGUE VOUS REMERCIE POUR VOTRE SOUTIEN ET VOTRE AMITIE DURANT TOUTES CES ANNEES. NOUS VOUS DISONS AU REVOIR EN VOUS SOUHAITANT PAIX ET BENEDICTIONS

dimanche 3 août 2025

MERCI


Aujourd’hui, nous fermons les portes de notre association.

Une page se tourne. Depuis 1976, notre mission fut d’assurer la conservation de ce magnifique instrument offert aux Calédoniens par le Révérend Père de Fenoyl. Depuis son installation en 1909, l’orgue a accompagné toute l’histoire de la Nouvelle-Calédonie : la Grande Guerre, la Seconde Guerre mondiale, le naufrage de "La Monique", les évènements des années 80, les obsèques de Jean-Marie Tjibaou et de Yéwéné-Yéwéné, ainsi que tant d’autres moments marquants de notre vie collective. Il a aussi traversé l’histoire de l’Église en Nouvelle-Calédonie : l’ordination des deux premiers prêtres mélanésiens, le R.P. Luc Amoura et le R.P. Michel Kohu "Matsuda", le retour des cendres des victimes de l’accident de Bahreïn, des ordinations épiscopales et bien d’autres célébrations.

Mais au-delà de ces grandes étapes, l’orgue a été le témoin fidèle des joies et des peines de nombreuses familles : baptêmes, mariages, communions, confirmations, obsèques… autant d’instants intimes où sa voix a accompagné les prières et les chants du peuple de Dieu.

Nous voulons exprimer notre profonde gratitude envers les membres fondateurs de l’association, les bénévoles qui se sont succédé avec constance, les donateurs généreux, les autorités administratives et politiques dont l’appui fut précieux, ainsi que le clergé dont la bienveillance ne nous a jamais manqué.

Nous gardons aussi une pensée émue pour tous les organistes qui, avec discrétion et dévouement, ont servi la communauté par leur art. Nous nous souvenons notamment de Juliette Bernard, Paula Vergès, Marie-Antoinette Tristani, Michèle Audrain, Monique Brou, Monique Legennes, Roger Boisne, Yves Berge, et tant d’autres encore : militaires, VAT, prêtres, religieuses, ou simples passionnés de passage. Qu’ils en soient ici tous chaleureusement remerciés.

Que leur exemple et leur fidélité fassent naître de nouvelles vocations d’organistes en Nouvelle-Calédonie.

Car si l'histoire de notre association s’achève, celle de l’orgue, elle, continue. Nous la confions désormais aux générations futures et remettons avec confiance les clefs de l’instrument à l’Association "La Cathédrale, Notre Patrimoine"  (cliquer sur le lien) , qui poursuivra cette mission avec cœur et engagement.

Enfin, nous laissons ce site en ligne pour permettre à chacun de découvrir ce trésor unique de la cathédrale de Nouméa, et en mémoire d'Yves Berge et de Roger Boisne.


A tous, un grand Merci !


                                Photo LNC

Roger Boisne

(1947-2024)

Nos pensées vont avec affection vers son épouse Françoise, sa fille Cécile et toute sa famille.

Roger nous a quittés discrètement le 16 mai 2024, au cœur de la période douloureuse que traversait alors la Nouvelle-Calédonie, emporté par le cancer de l’amiante. Les contraintes sécuritaires n’ont malheureusement pas permis de l’accompagner lors de ses obsèques, pour lui témoigner toute notre amitié et notre reconnaissance.

Comment ne pas garder en mémoire son talent et sa passion pour l’orgue ? Roger avait à cœur de partager cet amour de la musique avec tous : enfants et adultes, jeunes et moins jeunes.

Son dévouement envers la communauté mérite également d’être souligné. Malgré la maladie et les épreuves traversées, il a toujours tenu à assurer le service de la liturgie paroissiale, fidèle jusqu’au bout à sa mission.

Sa chaleur humaine, sa bienveillance et son amour de l’orgue se reflétaient dans son jeu, en particulier dans ses improvisations, empreintes d’élégance, de profondeur et de cette pointe d’humour qui le caractérisait.

Nous croyons qu’il a retrouvé désormais ses fils bien-aimés, Guillaume et Julien, dans la Lumière et la Joie du Père.

Merci, Roger.

À Dieu.


Chaque personne qui passe dans notre vie est unique.

Elle laisse toujours un peu d’elle-même, et prend un peu de nous-même.
Certains peuvent prendre beaucoup, mais en revanche, personne ne peut sortir de notre vie sans y laisser une trace.
C’est ce qui prouve que deux âmes ne se sont pas rencontrées par hasard.

Jorge Luis Borges
L'arbre des amis




A DIEU CHER AMI


Soixante ans à l’orgue de la cathédrale de Nouméa : Yves Berge, un organiste comblé.

Tout a commencé en 1951, le jour de la fête du Sacré-Cœur : Yves posait pour la première fois ses mains sur le clavier de l’orgue de la cathédrale. Le curé de l’époque était le Père Boileau. Ce fut le début d’une aventure musicale et spirituelle qui allait durer toute une vie.

Depuis 1977, année de la création de l’Association des Amis de l’Orgue, Yves en devint le titulaire fidèle.

Cet instrument, commandé en 1907 chez Cavaillé-Coll, avait été débarqué du voilier "Alice" de la Société Le Nickel en 1909, puis installé pour la fête du Bienheureux Pierre Chanel. Le jour de son inauguration, l’allocution fut prononcée par M. Fourcassie, président du Comité paroissial, qui n’était autre que… l’arrière-grand-père d’Yves. Le premier organiste à le faire résonner fut un prêtre australien, le Père Stevens, avant que de nombreuses organistes féminines ne s’y succèdent.

Depuis 1951, Yves a accompagné d’innombrables célébrations, liturgiques comme officielles. Organiste discret, parfois « caché », il fut pourtant un acteur essentiel de grands moments de l’histoire du Territoire et de l’Église locale : la canonisation de saint Pierre Chanel et le retour de ses reliques, les obsèques de Jean-Marie Tjibaou et de Yéwéné Yéwéné, la Pentecôte 1994 entourée de cardinaux et d’évêques, des ordinations sacerdotales et diaconales, ainsi que tant de mariages, connus ou anonymes. Avec émotion, il aimait se rappeler que son tout premier mariage animé à l’orgue fut celui d’un ami de classe, il y a 60 ans…

Deux restaurations de l’instrument ont marqué son service : une première, partielle, en 1999, privant les fidèles de l’orgue pendant deux mois ; puis une seconde, complète, envoyant l’instrument en Italie pour un retour prévu à Pâques 2012, grâce au soutien des Pouvoirs Publics. Yves accompagna ces étapes avec patience et espérance.

Soixante années de fidélité à l’orgue de la cathédrale : un record qui restera longtemps inégalé.

Aujourd’hui, nous disons à Dieu à Yves. Nous garderons le souvenir de sa passion pour la musique, de sa joie lumineuse, de son amour pour ses filles, ses petits et arrière-petits-enfants, et de son attachement profond à la Nouvelle-Calédonie : sa terre natale de Bourail, son enfance à Poya, son enracinement dans cette histoire, grande et petite, dont il fut un témoin privilégié à travers son art.

Son départ soudain nous a bouleversés. Mais comment rester dans la tristesse, quand nous croyons qu’il a enfin atteint le rivage tant désiré ? Le repas est prêt, et le Maître l’attend sur la plage.

« Entre dans la joie de ton Maître, bon et fidèle serviteur » (Mt 25).

À Dieu, cher Yves, et merci.

Je suis debout au bord de la plage.
Un voilier passe dans la brise du matin et part vers l’océan. 
Il est la beauté, il est la vie.
Je le regarde jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon. Quelqu’un à mon côté dit : «il est parti !»
Parti ? Vers où ? 
Parti de mon regard, c’est tout ! 
Son mât est toujours aussi haut, sa coque a toujours la force de porter sa charge humaine. 
Sa disparition totale de ma vue est en moi, pas en lui. 
Et juste au moment où quelqu’un près de moi dit : «Il est parti !»
il y en a d’autres qui, le voyant poindre à l’horizon et venir vers eux,
s’exclament avec joie : «le voilà !».

William Blake



Source : L'accord musical - Musée de la Ville de Nouméa 2008